Zürich 2014 : « Ça, c’est (une) vache ! » (CS) En Suisse, les vaches, ça nous connaît. Il n’y a pas une vraie carte postale, affiche publicitaire ou autre dépliant vantant notre beau pays qui ne présente, en gros, tout devant, ou dans un coin, en arrière-fond, le plus souvent dans un pré, avec de jolies fleurs champêtres, un de ces êtres à cornes, à pis et à cloche.

Les vaches ? Des animaux un peu bébêtes certes, mais très utiles et à la base de notre alimentation, de notre économie, de nos traditions nationales. Les vaches que les paysans – ou plutôt les machines des paysans – traient, matin et soir. Les vaches qu’on mène, l’été, à l’alpage, respirer l’air pur des montagnes et manger l’herbe d’altitude. Les vaches qui, enfin, entre les deux, aiment bien regarder passer les trains en ruminant. En Suisse, les vaches, ça nous connaît.

Il n’y a pas une vraie carte postale, affiche publicitaire ou autre dépliant vantant notre beau pays qui ne présente, en gros, tout devant, ou dans un coin, en arrière-fond, le plus souvent dans un pré, avec de jolies fleurs champêtres, un de ces êtres à cornes, à pis et à cloche.

 


 

Bref, les vaches, en Suisse, ça nous connaît. Mais qui aurait pensé qu’on allait en faire entrer une dans le stade des Championnats d’Europe d’athlétisme à Zurich ?

On a évidemment dû d’abord la préparer. Impossible de la laisser gambader comme ça, les mamelles à l’air. Il a fallu lui coudre et lui faire enfiler un short et un t-shirt dignes de ce nom. Impossible aussi de lui laisser lever la queue à tout moment ; on l’a lui a donc cachée. Difficile encore qu’elle garde sa cloche : trop de risques qu’elle la fasse sonner en plein départ du 100 m. Pour le gazon, là, pas de soucis. Au vu des litres de désherbant qu’on y a versé, aucune chance qu’elle soit tentée …

Bien sûr elle a d’abord dû être dressée : apprendre à lever les bras, à applaudir, danser en rythme, sauter, aller vers les gens, se laisser photographier. Ni trop, ni trop peu, juste comme il faut. Comme on le lui a enseigné çà et là, pendant des années, lors de toutes les plus importantes manifestations d’athlétisme en Suisse. Plutôt vache, comme travail !

Tout fan d’athlétisme sera toutefois d’accord : elle accomplit sa tâche à merveille. Elle apporte le sourire à ceux qui la voient courir à droite, à gauche, en arrière, en avant ; qui la voient sauter, danser, et faire toutes sortes de mimiques. Elle empêche que les spectateurs s’endorment ou s’enrhument en les faisant applaudir, crier, se lever, bouger les bras. Elle câline les plus petits, embrasse les vainqueurs, réconforte les perdants. Toujours tout sourire et sans broncher. Ah, les vaches suisses, c’est quand même quelque chose !

Mais qui pense à elle, quand, une fois les compétitions finies, les spectateurs partis, les projecteurs éteints, elle rentre à l’étable, enlève et plie tristement son costume, raccroche sa cloche autour du cou, aère ses tétines et se repose quelques heures ?

Camille Semenzato

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